Date de début:
14:00
Date de fin:
14:00
Lieu:
Carré des sciences
Ville:
Paris
Producteur:
-

Durée:
18:49
Type:
video/mp4
Poids:
113.88 Mo
Format:
mp4
Résolution:
320x240
Codec:
-

Initiative de Budapest pour l’Accès Ouvert Jean-Claude GUEDON

Projets et initiatives

La publication scientifique est en crise : partiellement dominée par des intérêts commerciaux en forme d’oligopoles dont les enjeux n’ont pas grande relation avec les exigences des scientifiques, la République des sciences, domaine de l’excellence, a été subrepticement transformée en ploutocratie scientifique où règnent diverses formes d’élitisme et, bien entendu, d’exclusion. Le coût des revues scientifiques se situe désormais hors de portée d’une bonne partie du monde et même des institutions moins riches dans les pays riches. Quelques efforts palliatifs comme eIFL de l’OSI contribuent bien à établir un rempart défensif temporaire et partiel contre ces tendances négatives, mais ils ne peuvent prétendre offrir une solution à une crise largement engendrée par des pratiques commerciales aisément assimilables à des coutumes prédatrices : il suffit de penser aux taux de profit, souvent supérieurs à 30%, de ces oligopoles pour comprendre la raison d’un terme aussi vigoureux dans le cadre de ce colloque. Contre les agissements des oligopoles, peu de solutions existent. Les petites entreprises commerciales ou sociétés savantes aux ambitions financières modestes, bien que sympathiques, laissent sceptiques : si elles ne réussissent pas, inutile de commenter ; si elles réussissent, elles deviennent des cibles possibles pour les grands oligopoles et il devient dès lors difficile de résister à la tentation de se faire racheter ou « soutenir » par les poids lourds de l’édition scientifique commerciale. La seule solution viable est de reprendre la question de la publications scientifique à la base et de construire les processus de publication qui répondent le mieux possible aux besoins des scientifiques, à ceux des gestionnaires de la recherche et à ceux des décideurs et instances publiques qui soutiennent la majeure partie de la recherche fondamentale mondiale. Ceci veut dire : 1. pour les scientifiques, une circulation et une visibilité maximales, ainsi qu’une validation aussi efficace que possible pour deux ordres d’exigences reliés entre eux mais néanmoins différents : d’une part la gestion des étapes de la carrière institutionnelle, et, d’autre part, la gestion de la carrière intellectuelle ; 2. Pour les gestionnaires de la recherche, une évaluation aussi précise et rapide que possible de la qualité réelle des travaux accomplis par les chercheurs, évaluation reposant plus sur l’utilisation des données d’usage que sur l’effet de filtre des « gatekeepers », trop subjectif et rapide pour remplir avec l’objectivité nécessaire les objectifs désirés ; 3. Pour les organismes de soutien à la recherche et les responsables des politiques de recherche, un accès général et ouvert aux flux de communication des scientifiques entre eux (ce qui ne veut pas dire un accès nominal, évidemment) permettrait de voir avec précision les points chauds de la recherche scientifique et effectuer des choix nationaux en connaissance de cause. Actuellement, les grands oligopoles seuls ont accès à ce genre d’information et personne ne sait ce qu’ils font de ces connaissances. Cette forme d’espionnage intellectuel ne devrait pas être confisquée en grande partie par des intérêts privés, mais bien mis à la disposition du monde entier. La meilleure façon pour la communication scientifique de remplir ces objectifs divers consiste à se placer en accès ouvert tout en retravaillant les étapes et les significations des diverses formes d’évaluation qui doivent accompagner ces flux de communication. Ainsi l’activité scientifique pourra-t-elle commencer à se rapprocher de l’idéal d’un système de création placé sous le signe de l’intelligence distribuée. L’Open Society Institute, ainsi que d’autres organismes philanthropiques, telle la Fondation Moore et d’autres, se sont clairement rangés dans le camp de la communication scientifique en accès ouvert. Plusieurs exemples de réalisations en cours seront présentés au cours de cette communication.

Jean-Claude GUEDON, Professeur, Université de Montréal, membre de la commission de l’information de l’Open Society Institute

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