Date de début:
09:00
Date de fin:
10:00
Lieu:
Carré des sciences
Ville:
Paris
Producteur:
-

Durée:
20:44
Type:
video/mp4
Poids:
126.59 Mo
Format:
mp4
Résolution:
320x240
Codec:
-

Enjeux pour la communauté scientifique : Intervention de Stevan HARNAD

Les chercheurs font de la recherche pour pouvoir avoir un impact, c’est-à-dire pour que leurs résultats puissent avoir un effet maximal sur le cours présent et futur de la recherche scientifique. La mesure de cet impact correspond au degré de visualisation, de lecture, d’utilisation, de reprise, de citation et d’application par les pairs du travail du chercheur. C’est la preuve tangible de cet impact de la recherche qui apporte aussi aux chercheurs leur rétribution matérielle : salaire, promotion, titularisation, subventions de recherche, prestige, prix. Il est important de noter que les chercheurs ne recherchent ni ne perçoivent aucun revenu des accès payants à leurs travaux. Il s’ensuit logiquement que toute réduction dans l’accès résultant des systèmes à péage se traduit directement par une réduction de l’impact des travaux du chercheur. Il s’ensuit donc que pour accroître l’impact potentiel de leurs travaux, les chercheurs doivent en accroître l’accès. Ceci peut être réalisé (et l’est effectivement) par deux moyens complémentaires : en publiant dans des revues en libre accès (s’il en existe dans le domaine de recherche concerné) (Stratégie BOAI 2) ou en auto-archivant dans des archives Eprint en libre accès (Stratégie BOAI 1) les travaux publiés jusqu’à présent dans les revues avec comité de lecture à accès payant ; on compte aujourd’hui 20 000 archives en libre accès contre 200 revues avec comité de lecture en libre accès. L’optimisation de l’impact de la recherche est dans l’intérêt non seulement des chercheurs et du progrès de la recherche, mais aussi de leurs institutions, de leurs bâilleurs de fonds et du contribuable. A l’ère de Gutenberg, il n’était pas possible de proposer un libre accès au corpus de recherche validé par les pairs, en raison des coûts réels et inéluctables de la publication sur support papier. A l’ère du numérique, tous les coûts autres que ceux liés au comité de lecture (tout au plus 500 dollars par article) sont superflus. (Le revenu par article provenant de l’accès payant - et donc des rares établissements qui ont les moyens de payer l’accès aux revues dans lesquelles les articles sont publiés - avoisinne les 2000 dollars). Tant qu’il y aura un marché, les revues à accès payant pourront continuer et continueront d’exister, mais elles devront co-exister avec le libre accès à l’ensemble du corpus de la recherche, puisque les auteurs ou leurs établissements auto-archiveront tous les articles validés par les pairs. A bien y réfléchir, il est clair qu’il n’y a qu’une manière de résoudre le conflit d’intérêts de l’ère du numérique, à savoir entre ce qui est la meilleure solution pour les revenus provenant de l’accès payant et ce qui est la meilleure solution pour les fournisseurs de contenus scientifiques, maintenant que le libre accès a prouvé qu’il était un système non seulement possible mais aussi faisable, presque en un tournemain, par l’auto-archivage. En conséquence, à partir de maintenant, les chercheurs ne pourront historiquement ne s’en prendre qu’à eux-mêmes si leur impact continue de faiblir en raison d’une limitation inutile de l’accès à leurs travaux.

Stevan HARNAD, Professeur de sciences cognitives, Université de Southampton, Université du Québec à Montréal

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