Le monde est entré, depuis quelques années, dans une période d'effervescence politique. Rassemblements et occupations, contestations des pouvoirs, mobilisations transnationales, insurrections civiles, activisme informatique, désobéissance civile, création de nouveaux partis : ces mouvements expriment certes un mécontentement, un sentiment d'injustice, de colère et de désespoir. Mais ils révèlent aussi la volonté des citoyens de s'organiser pour contrôler directement ce que font leurs dirigeants. Dans leur précédent ouvrage, Pourquoi désobéir en démocratie ?, les deux auteurs analysaient la multiplication des actes de désobéissance civile en régime démocratique. Dans leur nouveau livre, Le Principe démocratie. Enquête sur les nouvelles formes du politique, Paris, La Découverte, 2014, ils scrutent, d'un double point de vue sociologique et philosophique, cette extension du domaine de la désobéissance en examinant les nouveaux mouvements de protestation, les révoltes contre les dictatures, et les mobilisations globales revendiquant la « démocratie réelle ».
Ce livre dessine ainsi les contours de ces manières d'agir qui traduisent une nouvelle forme de vie politique et morale, où la question du « comment » remplace celle du « pourquoi ». Il approche cette transformation en étudiant ces formes émergentes et pragmatiques du politique qui prennent la démocratie pour principe afin d'élargir la sphère du politique, le pouvoir des citoyens, les capacités de tous
Sandra LAUGIER est une philosophe française qui a pour domaine d'étude la philosophie du langage, la philosophie des sciences et la philosophie morale. Après avoir été professeure à l’université de Picardie Jules Verne à Amiens, elle est depuis 2010 professeure à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, où elle a succédé à Catherine Larrère comme directrice de l'EA Philosophies contemporaines. Spécialiste de la philosophie du langage ordinaire (Wittgenstein, Austin), elle développe en philosophie morale et politique ainsi qu’en esthétique des théories inspirées par ce courant. Elle est responsable pour Paris 1 du programme ANR « Pouvoir des arts ». Après avoir exercé diverses responsabilités et mandats universitaires, elle a été déléguée scientifique à l'AERES (philosophie, sections 2 et 3) de 2007 à 2010 et est actuellement directrice adjointe scientifique de l'INSHS/CNRS, chargée de l'interdisciplinarité et de la 35esection. Elle est membre de l’Institut Universitaire de France, directrice du Centre de Philosophie Contemporaine de la Sorbonne. Albert OGIEN est sociologue, directeur de recherches au CNRS et directeur de l’Institut Marcel Mauss de l’EHESS. Ses travaux portent aujourd’hui sur trois thèmes : l’extension et les effets du phénomène gestionnaire dans l’organisation de l’activité de gouvernement et dans la définition de l’action publique (en examinant la mathématisation du monde social et la substitution des catégories de raisonnement gestionnaire aux catégories du raisonnement politique) ; l’analyse des mouvements de protestation politique extra-institutionnelle (rassemblements et occupations de places, contestations des pouvoirs, mobilisations transnationales, insurrections civiles, activisme informatique, désobéissance civile, création de nouveaux partis) qui se développent actuellement ; le développement d’une démarche de sociologie analytique, qui exige un travail théorique (autour de l’ethnométhodologie, l’interactionnisme réaliste, du pragmatisme et de la philosophie du langage ordinaire) et une réflexion méthodologique (autour des outils et des objets de l’ethnographie de nature sociologique). Animation par Michel ALBERGANTI, journaliste à France Culture