L'intérêt philosophique du libre pour l'enseignement et la recherche est bien connu. Il s'inscrit dans la tradition de transparence de la
démarche scientifique, garante de la reproductibilité des résultats expérimentaux, de l'accumulation du savoir et de sa diffusion à tous,
dans le monde entier, sans discrimination financière ou géopolitique.
Mais le libre est-il viable en pratique? Pendant longtemps, et en dehors de belles réussites en calcul numérique comme Scilab ou Octave,
les logiciels mathématiques libres se sont cantonnés par domaines (par ex. calcul symbolique: Maxima, géométrie algébrique: Cocoa, Singular, Macaulay, groupes: GAP, statistiques: R, arithmétique: Pari). Les systèmes à vocation généraliste, eux, étaient principalement
commerciaux ou semi-commerciaux (par ex. Maple, Mathematica, MuPAD). Un phénomène plus récent est l'émergence d'alternatives libres ou nouvellement libres telles que Axiom ou Sage/Python scientifique.
En nous basant sur notre expérience avec le projet libre *-Combinat et sa récente incarnation Sage-Combinat, nous tenterons de décrire ce que peut, ou pas, apporter concrètement un modèle de développement coopératif libre, à des chercheurs et enseignants en mathématiques, qu'ils soient utilisateurs ou contributeurs.
Nicolas M. Thiery, Laboratoire de Mathématique, Université Paris Sud