D'après la relativité, aucune cause ne peut avoir d'effet instantanément à distance et d'après la mécanique quantique, aucune cause ne peut avoir d'effet si elle ne met pas en jeu au moins un quantum élémentaire d'action égal à la constante de Planck.
C'est donc toute la conception de la causalité qu'il a fallu remettre en chantier pour tenir compte de ces deux limitations qui étaient ignorées par la physique classique. Mais malgré cette ré-élaboration, la physique semble rester très en retrait de la subtilité de l'analyse aristotélicienne qui sait discerner les causes matérielles (les divers matériaux dont est faite une maison), les causes formelles (le plan de son architecte), les causes efficientes (le travail de ses bâtisseurs) et les causes finales (sa raison d'être). A tout le moins, ces causes finales, et avec elles la catégorie de finalité semblent devoir être définitivement exclues du champ de la physique, encore que certains physiciens et cosmologistes adeptes du « principe anthropique » puissent sembler être d'un avis contraire.
Que la finalité soit au coeur de l'ensemble des sciences humaines et sociales ne soulève aucune difficulté, mais qu'en est-il en biologie, où elle est, selon le mot de François Jacob, comme une maîtresse dont on ne peut se passer mais avec qui on n'ose pas être vu en public ? Quels liens la causalité entretient-elle, dans les phénomènes que nous connaissons, avec les idées de déterminisme, hasard et chaos ? Les notions de causes et d'effets se retrouvent aussi au coeur du «principe de précaution», dont l'actualité accentue le caractère crucial pour notre société
Telles sont quelques unes des questions qui seront abordées lors de cette septième rencontre « Physique et Interrogations Fondamentales » organisée par la Société française de physique et la Bibliothèque nationale de France, qui réunira le 22 mai 2002 à la Bibliothèque François Mitterrand, physiciens, philosophes, biologistes et spécialistes des sciences humaine et sociales.