L’empire des hommes s’accroît sans limites, mais, paradoxalement, l’humain comme mesure de toute chose est en crise. Cette crise peut déboucher aussi bien sur une perte de sens généralisée que sur un humanisme plus riche, plus ouvert. Les Entretiens de la cité 2016 se proposent de mieux l’appréhender, en compagnie de scientifiques, de penseurs et de créateurs, sous la houlette de Cédric Villani.
De tous côtés, l’unicité et la centralité de l’humain sont mises en question. Par exemple, celui-ci se présente de plus en plus comme un simple motif dans le tissu spatio-temporel de l’univers. Sa belle image se brouille dans le foisonnement des premières espèces d’humanoïdes ou dans le continuum qui le rattache à l’animalité. Loin d’être perçu comme un point d’orgue porté par l’histoire vers toujours plus de conscience de soi, l’humain semble aujourd’hui s’émietter et se contredire sans cesse dans la cacophonie des cultures, au gré des migrations, des retours en arrière et des épreuves de force. De mieux en mieux connu, soigné, mis en réseau, « augmenté », il se projette dans un écosystème artificiel qui, certes, lui est propre, mais dont il craint qu’en définitive il ne le dépasse et le frappe d’obsolescence.
Humain, trop humain, plus qu’humain. Tel pourrait être le leitmotiv qui structure aujourd’hui nos interrogations devant ce qui ressemble à une mutation anthropologique. Ces interrogations ne sont pas abstraites. Elles concernent, par exemple, l’individu et ses marges de manœuvre, son potentiel de créativité face aux réseaux « intelligents », sa capacité à faire encore société dans l’altérité. Même si elles n’hésitent pas à mettre en cause une idée simpliste et dépassée de l’humain, ces interrogations restent profondément humanistes par le fait même de garder ouvert le questionnement et d’éviter ainsi la fragmentation des réponses toutes faites.
Puissent ces Entretiens 2016 nous aider précisément à maintenir ouvert ce questionnement.